LE CINEMIX DU 21 MARS

Cette semaine au cinéma, l’amour triomphe. Pyrotechnie, ménage à trois, relation secrète et course poursuite, il est partout ! Voyez plutôt.
17 000 dollars, c’est bien le maigre budget de cet ovni cinématographique, injustement boudé avant d’être encensé par la presse. Il s’agit bien ici de la naissance d’un cinéma riche de ses libertés et de ses convictions – notons que Evan Glodell a aussi construit sa propre caméra pour les besoins esthétiques du film.
Bellflower se déploie ainsi entre une trame au squelette brisé et une omniprésence d’effets visuels, sonores, avec l’amour en premier plan. Le film retrace aussi le portrait d’une génération perdue, désemparée, qui, ne trouvant pas sa juste place dans ce monde, en expérimente à l’extrême ses faces les plus sombres jusqu’à trouver un certain réconfort. L’instinct de survie dans un fantasme d’apocalypse. Médusant, touchant et moderne, ce film est un petit joyau à l’état brut, le coup de cœur assuré.
> Les autres sorties de la semaine
Cette bouffée d’air frais nécessaire au genre, préférant les soupirs de l’intime de ses protagonistes à l’étouffement des cours magistraux sur l’histoire de France. Un choix qui dénote et s’avère malicieux, subtilement habité par un séduisant triangle d’actrices (Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen). L’esthétique du film respire la sensualité avec des lumières douces et des plans désireux de dévoiler une proximité troublante. Dans le film, la dévotion, la fascination, l’ambiguïté amoureuse, la naïveté quasi-enfantine, la jalousie et le dénie s’entremêlent.
La maîtrise est donc sans surprise. Benoit Jacquot aurait toutefois pu se risquer d’avantage à moins de politesse, de bienveillance et vers plus de folie, le seul vrai bémol de ce film.
La machine est bien huilée et hollywoodienne à souhait, jouissant d’une technique irréprochable à ce genre de film avec des effets et des cascades pour pimenter le tout. Target reste donc un film dit "pop-corn", juste, avec une trame relativement simple mais qui a le mérite de très peu s’essouffler et d’être résolument efficace. Bien ficelé et dirigé, le film prend également sens grâce à des dialogues pétillants et à la complicité apparente de ses acteurs.
À la fois comique, viril et sexy, Target assure la bataille jusqu’au bout. La cible dévoilée, il ne reste plus qu’à se laisser séduire.
Le film retrace une histoire d’amour intemporelle, passionnelle et destructrice. Navigant entre deux époques, celle de la rencontre des deux adolescentes dans les années 80 sur fond d’hôpital psychiatrique, d’attitudes rebelles et de musique punk et celle de leurs retrouvailles, 30 ans plus tard, tournées vers un avenir tout aussi violent. L’anticonformisme que l’on pourrait espérer de ces traces de vies ne trouve pourtant que très peu d’échos à la vision du film et la marginalité excessive, l’exclusion et une certaine caricature de ses protagonistes s’affichent tel un mur auquel l’on se heurte rapidement.
Il devient dès lors difficile de s’approprier, de s’identifier à ces femmes (Emmanuelle Béart, Béatrice Dalle, Soko) qui nous semblent constamment en fuite. Avec un jeu d’acteurs et des dialogues qui transpirent parfois le manque de direction, l’accès est restreint, évasif, sans grande structure ni profondeur. On survole, malgré l’énorme potentiel de ses recrues. Bye Bye Blondie trouve tout de même son mérite dans ses mots/maux et son ouverture à la discussion.