DE L’ART D’ÊTRE ANTI-FASHION
> Premier commandement : nous nʼavons rien contre la mode, cʼest elle qui nous en veut !
Dʼabord parce que passer en moins dʼune semaine du bombardier en mouton retourné, au complet pour ressembler à Farah Fawcett dans Drôles de Dames, ben ça requiert un sacré budget. Et quand Kate se met à porter une fourrure crème je vous dis pas, cʼest lʼinflation garantie. Ensuite parce qu’ "être fashion" cʼest être à la merci des caprices lunatiques dʼune tendance qui parfois-quasiment-tout le temps nous échappe. Soyons pragmatiques, Gisèle dégaine lʼexemple : vous sortez satisfaite dʼune belle enseigne équipée de votre veste à épaulettes tant désirée et bang ! cʼest le drame, on est (déjà) passé à la parka kaki. Il ne vous reste plus quʼà hasarder un "Vous remboursez ?"
> Deuxième commandement (je précise que je suis agnostique, on parle de mode ici) : nous aimons la mode, oui.
Le problème, cʼest quʼon est 3 milliards à lʼapprécier ! Je ne suis pas très bonne en arithmétique mais si le compte est bon ça fait tout de même 3 milliards de clones en marinières à paillettes postés en faction devant H&M pour le lancement de la collection Lanvin. Ça relèverait presque de la science-fiction. Imaginez : des légions de Paulette, toutes slimées, frangées, bottées et épaulées, avides de la dernière tendance, quitte à séquestrer les vigiles de lʼentrée, à bâillonner les vendeuses et hold-upper son banquier.
Tant que nous y sommes, lâchons le it-bag dans la marre (cʼest facile mais irrésistible) : être fashion revient à engraisser lʼidée dʼuniformité du monde et ça cʼest carrément pas éthique.
> Troisième commandement : Je profite de la minute poliquement-fashion pour soulever un autre débat, qui consiste à s’élever contre lʼaliénation du droit au "fashion faux-pas".
Ce troisième commandement est un acquis social depuis que Brigitte Bardot a porté du Vichy, cʼest dire. Il nʼy a pas de faux-pas en matière de mode, cela ne peut exister que si la tendance prend le pas sur nos identités. Il nʼy a que des façons de porter un vêtement, peu importe quʼil soit élevé au rang de "it" ou non, pourvu quʼil nous sied.
Lʼart dʼêtre anti-fashion cʼest faire la nique aux tendances en utilisant votre imaginaire pour réinterpréter ses codes et ses contraires. Allez, on se quitte en chanson comme de bonnes militantes :
Savez-vous portez la cape, à la mode de chez nous ?
On le porte comme on le veut, à la mode, à la mode
On la porte si on veut, à la mode de chez nous !"
Retrouver Gisele Price sur son blog : http://giseleprice.tumblr.com/