Et puis, il y a la dimension nostalgique. Les souvenirs agréables qu’un goût va nous remémorer en même temps qu’il satisfera notre palais. Souvent, il s’agit de plats mijotés avec amour et tendresse par des proches, ou qui correspondent à un moment clé de vacances, de célébration, de rituels divers et variés aussi délicieux sur la langue que dans la tête.
« Si, enfant, vous êtes nourri·e avec certains aliments par celleux qui prennent soin de vous, ces aliments vont être associés au sentiment d’être pris en charge. Puis, quand vous vieillissez, la nourriture elle-même suffit à déclencher ce sentiment d’appartenance », décrypte auprès de The Atlantic Shira Gabriel, professeure associée de psychologie à l’Université de l’Etat de New York.
La comfort food, c’est donc un peu l’inverse de notre kryptonite. Notre potion magique salutaire, notre madeleine de Proust sauce fromagère, notre pilule du bonheur sans trop d’effets secondaires – autres qu’un estomac repu et un esprit moins tristounet.
Bien sûr, elle n’est pas la seule façon d’aller mieux. On peut d’ailleurs ne rien retirer du tout du fait de se plonger dans un tsunami de douceurs salées ou sucrées, si ce n’est une écoeurante nausée. Ou encore, vouloir se débarrasser de cet automatisme culinaire qui, on l’observe, ne provoque pas (voire plus) les conséquences escomptées. A la place, on mise donc sur des activités qui soignent, distraient, réjouissent. Ou des personnes – de notre entourage comme des professionnel·le·s de santé – à qui se confier, dont les paroles bienveillantes agiront comme autant de bonbons à nos oreilles sans doute parasitées par trop de pensées négatives.
Toujours est-il que, quand elle fait du bien au ventre comme à l’âme, il n’y a certainement pas de mal à s’y ruer. Alors, croquez donc sans plus attendre dans ce (deuxième) tiramisu fait maison qui vous rappelle votre échange en Italie, à l’heure où se déplacer à plus de 10 kilomètres semble utopique. Et surtout, bon appétit !
Une chronique de Pauline Machado